Ecole, Conférence

Effacer - Paradoxe d'un geste artistique

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Maurice Fréchuret

Gerhard Richter, Tisch (Table), 1962, Huile sur toile, 90 X 113 cm, San Francisco Museum of Modern Art, Courtesy Gerhard Richter, 2016 - Agrandir l'image, .JPG 225Ko (fenêtre modale) Gerhard Richter, Tisch (Table), 1962, Huile sur toile, 90 X 113 cm, San Francisco Museum of Modern Art, Courtesy Gerhard Richter, 2016 © DR

Effacer, dans le domaine artistique, est synonyme de correction ou de modification. Appelée communément "repentir", cette intervention exprime la maladresse voire la faute et qualifie l'oeuvre dans ce qu'elle a de faible et d'inadéquate. Dans le domaine de la politique ou de la publicité marchande, la pratique de l'effacement est indéniablement liée au mensonge et à la dissimulation. L'histoire, depuis des décennies, a présenté maints exemples de ces frauduleuses interventions qui ont pour but de corriger son cours. Transformer cette action, si fondamentalement négative, en une pratique susceptible de déboucher sur des ouvertures nouvelles, voilà ce à quoi, au cours du Xe siècle et aujourd'hui encore, les artistes ont abouti. En pratiquant l'effacement, c'est-à-dire en travaillant à rebours, ils ont su enrichir exemplairement la création artistique. Le geste historique de Robert Rauschenberg effaçant, en 1953, un dessin de Willem De Kooning, les propositions exemplaires de Marcel Broodthaers, Claudio Parmiggiani, Roman Opalka, Gerhard Richter croisent, celles plus récentes d'Hiroshi Sugimoto, d'Ann Hamilton, de Jochen Gerz, de Felix Gonzalez-Torres mais aussi celles des artistes de la génération actuelle comme Zhang Huan ou Estefanìa Peñafiel Loaiza... Autant d'exemples qui invitent à reconsidérer ce geste paradoxal et à l'appréhender dorénavant comme une pratique véritablement artistique.

Maurice Fréchuret

Maurice Fréchuret a été conservateur au musée d'Art moderne de Saint-Etienne de 1986 à 1993, puis au musée Picasso à Antibes de 1993 à 2001 et directeur du capc Musée d'art contemporain de Bordeaux de 2001 à 2006. Il est nommé conservateur des musées nationaux du XXe siècle des Alpes-Maritimes (2006-2014). Parallèlement à son travail de conservateur, de commissaire d'expositions et d'enseignant, il a publié de nombreux ouvrages dont :

  • Le Mou et ses formes (éditions ENSBA, 1993, Jacqueline Chambon, 2004) ;
  • La Machine à peindre (Jacqueline Chambon, 1994) ;
  • L'Envolée, L'enfouissement (Skira, RMN, 1995) ;
  • L'art médecine (en collaboration avec Thierry Davila, RMN, 2000) ;
  • Les Années 70, l'art en cause (RMN, 2002) ; 
  • Exils (en collaboration avec Laurence Bertrand-Dorléac, RMN, 2012)

Informations pratiques

Ecole Supérieure d'Art et de Design TPM

168 boulevard Commandant Nicolas

83000 Toulon