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ODYSSÉE

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Une exposition de Raphaël Barontini
Grand Hall

Agrandir l'image, .JPG 9.4Mo (fenêtre modale) Auteur : r. barontini

ODYSSÉE

Une exposition de Raphaël Barontini


Partant des terres de Lydie, pays de l’or,
J’ai traversé les plaines de Phrygie, de la Perse brûlée du soleil,
Les villes de la Bactriane et la terre aux rudes hivers
Des Mèdes, l’heureuse Arabie,
Enfin toute l’Asie allongée au bord de la mer
Dans les cités aux beaux remparts où se pressent en foule
Grecs et barbares confondus.
Mais tandis qu’à l’Asie j’ai enseigné mes choeurs
Et mes mystères, afin de me déclarer dieu au regard des humains,
Cette ville est en Grèce la première où j’arrive.
Oui, Thèbes est le lieu que j’ai d’abord rempli de mes appels,
Où j’ai sur le corps jeté ma nébride,
Mis dans les mains le thyrse, lance entourée de lierre ! 1*


La peinture de Raphaël Barontini vous aimante par ses couleurs vives et les silhouettes de ses personnalités bien étranges. Les fonds, tout droit sortis de la culture afrofuturiste, rappellent les mélopées de Sun Ra, d’où surgissent des portraits picturaux de la culture française classique, des statues de l’art occidental antique, percutés d’objets et de vêtements puisés dans les cultures africaines ou caribéennes.
Ses peintures ouvrent sur une mer infinie de l’imaginaire et chantent au son des groupes des carnavals, lieu et temps de prédilection de l’inversion des valeurs. Les traditions artistiques occidentales, africaines et caribéennes se créolisent sur ses toiles et les plissures de ses drapeaux où l’ombre ne cesse de jouer de la couleur fluorescente. Derrière les personnages du premier plan, surgissent les créatures mythologiques mêlant des corps mi humain mi animal.
Son oeuvre est toute entière un collage, utilisant à la fois les techniques les plus traditionnelles de la peinture sur toile, les outils numériques permettant des reproductions à très grande échelle de menus détails, la couture à la surface même de ses toiles, tout en associant une iconographie puisée au fil de ses voyages et des cultures qu’il rencontre. Au fil du temps, ses peintures ont perdu leurs châssis, pour une plus grande liberté de mouvement, pour devenir parfois drapeaux, étendards, installations, ou toiles de décor théâtral que les cordes de couleur tendent ou affaissent pour mieux affirmer leur dimension sculpturale.
Les références à l’antiquité, comme opposées à celles plus appoliniennes de la peinture classique, paraissent faire ressurgir cette tradition très ancienne confortée par l’historiographie, qui donne à Dionysos des origines hors du berceau grec, non seulement du nord de la Grèce, mais encore plus surement d’Asie, et qu’Euripide dans les Bacchantes décrit dans la bouche même du dieu, soulignant le phénomène d’acculturation de notre société comme il en a été de la Grèce antique. L’Odyssée est un voyage non seulement vers des rivages inconnus, poussé par le destin, mais aussi des rencontres insolites qui donnent au voyageur toute son épaisseur romanesque.
Ses personnages renvoient à cette inversion des valeurs, à cette folie qu’ouvre le carnaval et que le tragique athénien a su si parfaitement mettre en scène jusqu’à la chute et la mort du rationnel et entêté roi Penthée. Mais le carnaval chez Raphaël Barontini se drape de ses sources caribéennes, tout à la fois rituel et fête, pour honorer les héros afro-caribéens, afro-américains, libérateurs de l’esclavagisme. Ce sont le général Toussaint-Louverture et le roi Christophe à Haïti, ou l’orateur abolitionniste Frederick Douglas aux États-Unis.
Son projet n’est pas la citation. Sa peinture est un engagement, celui de recoller les morceaux de l’histoire sans qu’aucune hiérarchie ne se dresse. Son travail est à la fois peinture et image, revivifiant la narration, véritable refoulé de l’histoire moderne de la peinture, en un jeu subtil de portraits. Son engagement est celui de la mémoire des hommes qui ne saurait nier à certains leur histoire, pour montrer combien nos cultures sont croisées et combien elles s’enrichissent les unes des autres, combien nous sommes interdépendants.

 

 

Raphaël Barontini est un artiste né en France en 1984 qui vit et travaille à Saint-Denis. Il est diplômé de l’École Nationale Supérieure des Beaux de Paris et a étudié au Hunter College of Art de New York. Second Prix 2019 du Prix International de la Tapisserie d’Aubusson, lauréat 2020 de la Résidence LVMH Métiers d’Art réalisée à Singapour chez Heng Long Leather.
Ses dernières expositions monographiques ont été présentées en 2019 au SCAD Museum of Art, Savannah, USA, à l’Espace 29, Bordeaux, à l’Espai Tactel, Valencia, Espagne ; en 2020 au FWCA Fort Worth Contemporary Arts, Fort Worth, USA, et prépare une exposition solo à la galerie Marianne Ibrahim à Chicago en novembre.
Pour la seule année 2020, son travail est présenté dans les expositions suivantes : Possesed, MO.CO Panacée, Montpellier, France, Dust Specks on the Sea: Contemporary Sculpture from the French Caribbean & Haiti, Laband Art Gallery, Loyola Marymount University (LMU), Los Angeles, USA, et au Little Haiti Cultural Center, Miami, USA.

 

*1 Euripide, « Les Bacchantes » Tragédies complètes, traduction Marie Delcourt-Curvers, Gallimard, Paris

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