Ateliers de Recherche et de Création

Les ARC (Ateliers de Recherche et de Création) sont des instances d’enseignement transversales orientées vers la recherche en art.

Les ARC (Ateliers de Recherche et de Création) sont des instances d’enseignement transversales d’initiation à la recherche ouvertes aux 3ème année Art et Design, 4ème et 5ème année.

Animés par des équipes pédagogiques pluridisciplinaires composées d’artistes et de théoriciens, les ARC sont organisés à partir de six thèmes :

  • ARC Broken Music. Histoire et pratique des musiques déviantes
  • ARC de la nécessité de
  • ARC Esthétique de l’enquête
  • ARC Je, Jeux
  • ARC LATITUDE 43
  • ARC Réactiver le sens commun

Les ARC : objectifs

Les ARC ont pour objectif d’introduire à une recherche pratico-théorique, aux différentes méthodologies et outils de la recherche fondamentale, recherche-création ou recherche-action.

Ils proposent en ce sens une expérience d’immersion dans les modalités d’enseignement collectives (cours, workshops, séminaires, travaux dirigés, dialogues, conférences…) au contact d’intervenants extérieurs à l’école (artistes, théoriciens, professionnels) choisis pour leur expertise dans les domaines qu’ils représentent.

 

 

 

Auteur : Édouard Monnet

ARC « Broken Music. Histoire et pratique des musiques déviantes »

SAISON 3 : SO YOUNG BUT SO COLD

Enseignants : Pierre Beloüin et Édouard Monnet.

Les 26/ 27 octobre, 23/ 24 novembre et 7/8 décembre 2023, du 5 au 9 février et les 28/29 mars
2024.


Le terme « Broken music1 » est repris du nom d’une triple exposition initiée par la daadgelerie de Berlin en 1989, puis diffusée successivement à La Haye et Grenoble. Lui-même était inspiré du vocable générique employé dans les années 1960 par Milan Knížák pour désigner ses assemblages faits de débris de disques, qui conciliaient les dimensions conceptuelles, matérielles, optiques et acoustiques de son projet en perturbant les vénérables conventions que charriaient ces objets et leur contenu. Son association au sous-titre qui complète l’intitulé de ces interventions donne un aperçu du programme que nous nous sommes fixés : il s’agira d’y croiser préoccupations plastiques et sonores, hors de leurs clous respectifs, et d’envisager en conséquence la possibilité d’une musique de sourd et d’un art à tâtons.
Après un premier chapitre intitulé « Beat, béat, beaten », consacré à trois figures tutélaires de la beat generation (Jack Kerouac, Allen Ginsberg et William S. Burroughs) et à leurs postérités respectives dans des domaines non seulement littéraires mais également visuels et musicaux, la session 2022-2023 a proposé l’exploration d’une mouvance aux contours flous, qu’on nomme « industrielle », dont les principaux fondateurs furent les groupes Throbbing Gristle et Cabaret Voltaire. Ce qualificatif fut en effet popularisé à la fin des années 1970 par un slogan promu par la première de ce ces formations, « Industrial music for industrial people », via son label Industrial Records.

La troisième session, nommée « So young but so cold2 », se propose d’examiner un faisceau de mouvances apparues simultanément à la fin des années 1970. Désignées par des appellations telles que coldwave, minimal wave, synth wave, minimal synth ou synth punk, leur regroupement est ici fondé sur la porosité de ces dénominations, contemporaines des catégories désignées ou formulées rétrospectivement. Nous évoquerons d’abord les précurseurs de ces genres « minimalistes », qu’ils soient « froids » (Joy Division, The Cure, Siouxsie and the Banshees) et/ou « synthétiques » (Suicide, Kraftwerk, The Residents), avant de faire état de leur filiation, plus singulièrement active en Europe continentale (France, Pologne, Belgique, Pays-Bas et Espagne) dans le courant des années 1980. Outre
sa prise de recul à l’égard du fulgurant punk rock, elle témoignait, par les formes et les postures à l’oeuvre, d’une sorte de déprime ou de distance à l’égard d’un héritage idéologique et de changements sociétaux problématiques, sur les plans politiques et technologiques notamment. Ces courants semblent d’ailleurs faire l’objet d’un regain d’intérêt depuis la fin des années 2010, voire d’une renaissance, qui méritera enfin notre attention. Ni nostalgique ni revivaliste en apparence, mais éminemment contemporaine, elle justifie à elle seule cet examen, tout à la fois historique et prospectif.

À l’occasion de cette troisième session, ce programme prenant désormais la forme d’un ARC (Atelier de Recherche et de Création), une master class (conduite par Jean-Loup Faurat et Anthony Belguise) et un workshop (proposé par Jérôme Poret) s’ajouteront aux exposés théoriques et historiques, ainsi qu’aux séances d’écoute et de visionnage. Cette master class est organisée en partenariat avec le Conservatoire TPM3 et se déroulera dans les locaux de cet établissement. 

 

Deux autres workshops (école(s) du sud avec François Parra, workshop de printemps avec Alice Dourlen) et une conférence (Nicolas Ballet) feront par ailleurs écho à cet enseignement.

 

1 Voir Ursula Block, Michael Glasmeier (dir.), Broken Music. Artists’ Recordworks, catalogue d’exposition, Berlin, daadgalerie ; La Haye, Gemeentmuseum ; Grenoble, Magasin, 1989.

2 Cet intitulé reprend le titre du premier morceau figurant sur l’album Try Out de Kas Product (Kas Product, Try Out, album, 1981).

3 https://www.conservatoire-tpm.fr/agenda/broken-music-histoire-et-pratique-des-musiques-deviantes

 

 

 

ARC « …de la nécessité de… »

Enseignants : Serge LE SQUER et Jean-Baptiste WARLUZEL

Les 26 et 27 octobre, 23 et 24 novembre, 7 et 8 décembre, du 5 au 9 février, 28, 29, 30 et 31 mars pour le festival du Réel (Paris).


La génération « digital native » a développé une pratique de l’écriture et des enregistrements audio et vidéo qui tend à dépasser le cadre de l’écriture ou du filmage comme évènement pour en faire une activité ordinaire, continue et simultanée, où le geste même de l’enregistrement prend le dessus sur l'objet produit. La différenciation entre lecteur et auteur, spectateur et filmeur est troublée, au profit d'une nouvelle figure, celle du producteur-consommateur, créatrice et consommatrice d'une documentation de son propre quotidien, au profit des plateformes numériques.
Dans son texte "Pour un cinéma imparfait" (1969), le cinéaste cubain Julio García Espinosa1 proposait de sortir de la dichotomie réalisateur/spectateur en défendant un cinéma populaire où le spectateur devient auteur-réalisateur pour que le public passe du statut d'objet à celui de sujet, à l'opposé du cinéma de masse où le spectateur est réduit à la fonction de consommateur. À l'inverse, le cinéma populaire est un cinéma processuel, un cinéma qui montre "le processus d'un problème"1 non sa résolution qui, elle, s'acte dans la réalité même. Ce modèle d'un cinéma imparfait va se développer notamment en Amérique du Sud dans les années 1960 avec le Cinema Novo au Brésil (Carlos Diegues, Glauber Rocha), le Troisième cinéma en Argentine (Fernando Solanas, Octavio Gettino) et en Afrique (Ousmane Sembène, Sarah Maldoror). Il résonne encore dans la production contemporaine (Jonathas de Andrade, Studio CAMP, Uriel Orlow, Hito Steyerl).


L'Atelier de Recherche et Création « …de la nécessité de … » engage un travail de recherche pratico-théorique sur ce cinéma imparfait et la production de récits sous toutes leurs formes, qu’elles soient documentaires ou fictionnelles, écrites, dessinées, orales, radiophoniques ou cinématographiques. Nous partirons de la nécessité du récit en rapport à soi-même et aux autres quels qu’ils soient, avec également la conscience d'un regard situé2. Nous envisagerons également la question de l'adresse et celle du récit comme espace d’hospitalité2 et de compagnonnage3.

 

L'historien du cinéma, Olivier Hadouchi rencontrera les étudiants de l’ARC et donnera une conférence publique. 

Un workshop d'une semaine sera oragnisé sur la question de l'incarnation d'un récit.


1-Espinosa, Julio García, "Pour un cinéma imparfait" (1969), Image et Son – La Revue du Cinéma n°340, juin 1979
2-Haraway, Donna, Situated Knowledges: The Science Question in Feminism and the Privilege of Partial Perspective (1987), New-York : Routledge, 1991
2-Mbembe, Achille, Politiques de l’inimitié, Paris : La Découverte, 2016
3-Haraway, Donna, Manifeste des espèces compagnes, Chiens, humains et autres partenaires (2003), Paris : Flammarion, 2019.


Une bibliographie est communiquée au début de l’atelier.

 

 

 

ARC « Esthétique de l’enquête »

 

Enseignantes : Anne-Gaële Escudié, Raphaëlle Paupert Borne

 

Dans la continuité de cet ARC initialement imaginé et dirigé par Hendrik Sturm, nous finaliserons l’édition en cours et nous continuerons les enquêtes dans le même but recherché les années précédentes. Des artistes proches de Hendrik Sturm viendront prolonger l’ARC avec sensibilité, comme Angela Frères et Nicolas Mémain.

Enquête sur le voisinage de l’école qui amène à une production des formes : l’ARC proposera aux étudiants de se familiariser avec les procédures de recherche et d’enquête, et avec l’usage de la théorie qui les accompagne. Observations, entretiens, collectes, documentations, recherches archivistiques, patrimoniales et études des infrastructures urbaines : le choix de la méthode a déjà une valeur esthétique.

 

 

ARC « Je, Jeux »

« Les enjeux des jeux »

Enseignants : Zagros Mehrkian,Patrick Sirot

 

Dans le processus de la création artistique, l’artiste a recours à divers outils conceptuels ; citons en l’occurrence le protocole, le code, la ou les contraintes… Mais par contraste, voire opposition, il joue avec ou se joue des diverses notions telles que le hasard, l’aléatoire, l’accident… 

On retrouve ces mêmes éléments dans le jeu avec ses règles, ses contraintes mais aussi l’intervention du hasard et de l’aléatoire. 

Nous envisageons d’établir un parallèle entre la création artistique et le jeu afin d'identifier les ressemblances et les divergences. Nous porterons une réflexion sur les similitudes entre le joueur et l'artiste. Nous interrogerons la place du ludique dans la pratique artistique. Nous aborderons des questions simples : qui joue ? comment jouer ? Mais complexes dans leur mise-en œuvre. Nous élaborerons des protocoles, des règles individuellement et collectivement. Nous expérimenterons divers scénarii. Nous jouerons pour tenter de mieux comprendre les enjeux du JEU/JE dans la pratique artistique ...

Essayer d'enquêter et d'étudier les gestes fréquents dans toutes sortes de jeux courants et de les utiliser dans la création artistique par exemple lancer ou verser ou rester immobile ou faire des mouvements du corps, etc

Les débats collectifs étayés par des éléments théoriques, philosophiques et historiques mais aussi par les diverses expérimentations structurent les séances d'atelier de recherche et création. Un workshop de cinq jours avec un intervenant artiste est prévu pour ouvrir des possibles.

 Déroulement de l’arc :

1. (26-27 octobre) Étudier de manière exhaustive (dans la mesure du possible) les règles, les protocoles, les codes, les contraintes empruntés au jeu et les examiner dans le champ artistique. Le but est de comparer ces éléments dans chacun des deux notions (art et jeu) ;

2. (23-24 novembre) Étudier de manière exhaustive (dans la mesure du possible) les notions de l’aléatoire, du hasard, de l’accident… dans les deux champs (art et jeu) ;

3. ( 7 -8 décembre) Examiner et étudier la position de l’artiste en tant qu'acteur (du jeu);

4. (5-9 février) Une semaine d’atelier en vue d’une expérimentation individuelle ou en groupe ;

5. (28-29 mars) Conclusion du déroulement et du résultat de l’arc.

 

 

Références conseillées à consulter avant le début de l’arc :

Jean-Yves Jouannais « L’idiotie » Champ arts 2003 ;

Raymond Queneau « Atlas de L’Oulipo » édition Foli 1975-2013 ;  

Raymond Queneau, Exercices de Style Gallimard 1979 ;

G.Perec: « la vie mode d'emploi » Éditions Denoël 1979 ;

Labelle-Rojoux « l’acte pour l’art » Al Dante 1988 ;

Œuvres de Roman Opałka (1931 - 2011) ;

Marcel Duchamp (1887–1968) notamment « Porte 11, rue Larrey ; À bruit secret, with Hidden Noise etc. » …

 

 

ARC « LATITUDE 43 »

IMAGI/MERS

 

ARC transversal esadtpm en partenariat avec le BUT MMI, le Master ROC, le parcours SYSMER -école d’ingénieurs Seatech-, Université de Toulon.

Enseignantes : Valérie Michel-Fauré, Magalie Rastello

D'octobre 2023 à avril 2024

 

Quels scénarii sont possibles pour tisser des liens entre terre et mer, entre les différents « mondes » du vivant et du non vivant, de la robotique ? Quelles narrations spéculatives, quelles fictions transmédia pourraient investir le champ de la recherche-action pour envisager et créer de nouveaux concepts de coexistence, d’interaction et de collaboration, entre méthodes empiriques scientifiques et processus créatifs en design et art ?

Nos communautés d’êtres vivants terrestres, marins et aériens, végétaux et animaux, partagent des espaces écologiques aujourd’hui fragilisés par les changements climatiques et les actions de l’homme. Ces écosystèmes, entre producteurs de ressources, consommateurs et décomposeurs, constituent la fabrique dynamique de paysages en mouvements.

Le Parc national de Port-Cros héberge une biodiversité exceptionnelle, particulièrement aux Îles d’Or (Porquerolles, Port-Cros, Le Levant), épicentre de la réserve naturelle que constitue le Parc national, et également aux abords, en mer et sur la côte des communes proches. La présence toujours croissante des visiteurs et touristes, la mise en danger de certaines espèces, la conscience du devoir de préservation des milieux naturels, amènent à réfléchir à la réduction voire à l’exclusion de la présence humaine de certains sites à protéger.

Si l’expérience directe en certains lieux est exclue, d’autres formes d’expériences peuvent être envisagées afin de faire découvrir les richesses de ce territoire exceptionnel. Se posent alors les questions suivantes : quels éléments choisir pour les transmettre et les partager avec un public plus large ? Par quel biais cette expérience décalée pourrait-elle exister ? Quelle serait la qualité de ces expériences d’un genre nouveau ?

Cet Atelier de Recherche et de Création interdisciplinaire invite les designers, artistes, ingénieurs et étudiants en multimédia à se rencontrer, à découvrir leurs pratiques respectives, à s'interroger sur ces sujets et à imaginer ensemble des expériences multisensorielles, immersives, à la croisée des arts et des sciences, de la robotique et du vivant. Ce projet explore les frontières, porosités, frictions et tensions, impliquant une réflexion prospective : mésologie, biomimétisme, biomorphisme, design fiction, écofiction…

OBJECTIFS ET MÉTHODE

Observer et analyser les contextes, les outils, les gestes.

Rencontrer et échanger avec des créateurs, scientifiques, ingénieurs, sciences humaines et sciences du vivant.

Croiser les regards et méthodologies dans une approche transversale des disciplines, des espaces aériens, terrestres et sous-marins, des médiums, des matériaux, des procédés et des techniques.

Restituer ces expériences ouvertes par la pratique plastique, la narration et le prototypage : récits, scénarii, dessins, maquettages, tests, projets multimédia…

 

Des intervenants dans les différents champs de la polysensorialité, de l’immersion sensorielle, des modes de restitution seront invités sous forme de séminaires et conférences publiques. Pour le Workshop, les protocoles et processus de narrations matériologiques seront explorés par  Emilie Cazimajou, artiste-chercheuse, doctorante en création-recherche au Laboratoire LARA-SEPPIA -Savoirs, Pratiques et Poïétiques en Art- de l’Université de Toulouse, Jean Jaurès.

 

Bibliographie indicative : elle sera complétée plus spécifiquement à chaque session 

ARDENNE Paul, Un art écologique, Création plasticienne et anthropocène, Le Bord de l’Eau, Bruxelles, 2019.

BERQUE, Augustin, Les raisons du paysage, Hazan, 1996.

BESSE Jean-Marc, tous ses ouvrages.

CAUQUELIN Anne, L’invention du paysage, PUF, Quadrige 2013 (2004).

CAUQUELIN Anne, Le site et le paysage, PUF, Quadrige 2013 (2007).

CLEMENT Gilles, Tous ses ouvrages.

DAMASIO Alain, La Horde du Contrevent, La Volte, Clamart, 2004.

DAMASIO Alain, Les furtifs, La Volte, Clamart, 2019.

DESCOLA Philippe, L'Écologie des autres. L’anthropologie et la question de la nature, Paris, éditions Quae, 2011 ; rééd. aux mêmes éditions en 2016).

DESCOLA Philippe, Par-delà nature et culture, Paris, Gallimard, coll. « Bibliothèque des sciences humaines », 2005 (Folio, 2016).

DESPRET Vinciane, Autobiographie d'un poulpe, Actes Sud, coll. « Mondes sauvages », 2021.

GARRAUD Colette, L’idée de la nature dans l’art contemporain, Flammarion, 1994.

LATOUR Bruno, tous ses ouvrages.

MONSAINGEON Guillaume, MAPPAMUNDI, catalogue de la collection Berardo, exposition 2011

MONSAINGEON G., Mappamundi, art et cartographie, Parenthèses, Marseille, 2013.

MORIZOT Baptiste, Manières d’être vivant : Enquêtes sur la vie à travers nous, Actes Sud, Arles, 2020.

ROGER Alain, Court traité du paysage, Folio, 2017 (1997).

SIMON Claude, Le Vent. Tentative de restitution d'un retable baroque, Éditions de Minuit, 1957.

SIMON Claude, L'Herbe, Éditions de Minuit, 1958. Mais aussi L’acacia, 1989, et Le jardin des plantes, 1997.

TIBERGHIEN Gilles A., Finis terrae. Imaginaire et imaginations cartographiques, Bayard, 2007.

TIBERGHIEN Gilles, Notes sur la nature, la cabane et quelques autres choses, nouvelle édition augmentée, éditions du Félin, Paris, collection Les marches du temps, 2014.

WHITE Kenneth, La route bleue, Le mot et le reste, Marseille, 2017 (1983).

WHITE Kenneth, Le plateau de l’albatros : Introduction à la géopoétique, Le mot et le reste, Marseille, 2018 (1994).

 

 

ARC « Réactiver le sens commun »

 

enseignants : Antoine Boudin, Olivier Millagou, Ian Simms, Cédric Teisseire

 

Les 26 et 27 octobre, les 23 et 24 novembre, les 7 et 8 décembre 2023, les 28 et 29 mars et les 25 et 26 avril 2022.

Workshop prévu du 5 au 9 février 2024, avec la photographe Laura Lafon de la revue Gaze.

 

Le sens commun 

Cet atelier de recherche et de création tire son titre du livre homonyme de Isabelle Stengers1.

Qu’est-ce que « le sens commun » ? Ni le bon sens, ni les lieux communs de la pensée courante. Selon Isabelle Stengers, ce sens commun émergerait plutôt lorsque les questions, les bouts de réponses divergentes, les expériences concrètes, les convictions, tout ce qui nous fait « ruminer » sur l’existence, peut « faire sens en commun ».2 Ce livre est une lecture réactualisée du philosophe Alfred North Whitehead, connu pour sa réflexion sur ce qu’on appelle les processus.

« Il est urgent de voir le monde comme un réseau de processus interdépendants dont nous sommes partie intégrante, et que tous nos choix et nos actions ont des conséquences sur le monde qui nous entoure »3.

Cependant le vocable « commun » recèle d’autres champs possibles qui, eux aussi, méritent d’être réactivés.   

Les communs

Les communs, sont des ressources, gérées collectivement par une communauté, celle-ci établit des règles et une gouvernance dans le but de préserver et pérenniser cette ressource. Des logiciels libres aux jardins partagés, de la cartographie à l’énergie renouvelable, en passant par les connaissances et les sciences ouvertes ou les AMAPs et les épiceries coopératives, les « Communs » sont partout !4 La notion du commun comme alternative politique aux nouvelles formes d’appropriation privée et étatique commence à émerger dans l’espace de débat publique surtout face aux changements climatiques et aux défis écologiques actuels. En dépit du fait que, historiquement, les communs existaient dans de nombreuses situations et de nombreux pays, ils « ne relève(nt) ni de l’essence des hommes ni de la nature des choses, mais de l’activité des hommes eux-mêmes : seule une pratique de mise en commun peut décider de ce qui est « commun », réserver certaines choses à l’usage commun, produire les règles capables d’obliger les hommes »5.

Le collectif.

Les collectifs d’artistes, les artist-run-spaces et les écoles d’art ne sont que trois exemples de formes collectives dans le monde de l’art qui étaient, dans l’histoire contemporaine, les berceaux d’expérimentations extrêmement fertiles. Pendant l’ARC, nous allons poser la question de la coopération, de la collaboration et de la co-création surtout, en abordant le travail de Géraldine Gourbe et plus particulièrement son livre In the Canyon, Revise The CanonSavoir utopique, pédagogie radicale et artist-run community art space en Californie du sud qui explore les « expérimentations artistiques, pédagogiques, et les réseaux alternatifs nés en Californie à partir de la fin des années 1960. Ces expérimentations ont permis une déconstruction de certains canons hérités d'une tradition et d'une histoire de l'art européennes, tout en œuvrant à la remise en cause de l'American way of life. »6

L’usuel :

« Au temps de Goethe et de Humboldt, le rêve d’une « histoire naturelle » attentive à tous les êtres, sans restriction ni distinction aucune, s’autorisait des forces combinées de la science et de la littérature pour élever la « peinture de paysage » au rang d’un savoir crucial. La galaxie et le lichen, l’homme et le papillon voisinaient alors paisiblement dans un même récit. Aucune créature, aucun phénomène ne possédait sur les autres d’ascendant narratif. Comme les splendeurs, les cruautés se valaient. Équitablement audibles, les douleurs appelaient d’unanimes compassions. Ce n’est pas que l’homme comptait peu : c’est que tout comptait infiniment. »7

Dans cette tentative de réactiver le sens commun, cet ARC traversera l’ensemble de ces points d’entrée à la fois par un partage de réflexions et des expérimentations pratiques. L’ensemble des quatre moments forts aura lieu au Jardin remarquable de Baudouvin à La Valette.

Un workshop aura lieu avec la photographe Laure Lafon qui est la directrice d’image à la revue Gaze, la revue des regards féminins.

 

Bibliographie indicative

Bertrand, Romain, Le Détail du monde, l'art perdu de la description de la nature. Seuil, 2019

Dardot, Pierre, Laval, Christian, Commun, essai sur la révolution au XXI siècle, Éditions La Découverte, 2014

Gourbe, Géraldine, In the canyon, revise the canon, savoir utopique, pedagogie radicale et artist-run-community art space en Californie du sud. ESAAA éditions, Shelter Press, 2016,

Stenger, Isabelle, Réactiver le sens commun, lecture de Whitehead en temps de débâcle. Empecheurs de penser en rond, 2020.

 

1 Stenger, Isabelle, Réactiver le sens commun, lecture de Whitehead en temps de débâcle. Empecheurs de penser en rond, 2020.

2 https://www.philomag.com/livres/reactiver-le-sens-commun-lecture-de-whitehead-en-temps-de-debacle

3 C.Robert Mesle, Process-Relational Philosophy: An Introduction to Alfred North Whitehead, West Conshohocken, Templeton Foundation Press, mars 2008, 136 p.

4 https://lescommuns.org/

5 Dardot, Pierre, Laval, Christian, Commun, essai sur la révolution au XXI siècle, Éditions La Découverte, 2014

6 Gourbe, Géraldine, In the canyon, revise the canon, savoir utopique, pedagogie radicale et artist-run-community art space en Californie du sud. ESAAA éditions, Shelter Press, 2016, extrait du 4° de couverture.

7 Bertrand, Romain, Le Détail du monde, l'art perdu de la description de la nature. Seuil, 2019, p.12 et 13