Conférences

 

Cycle de conférences 2025 2026

Conférences obligatoires pour les étudiants et ouvertes au public.

 

 

 

Le banquet de L'École d'été, stade de foot d'Agonac, 2024. © L'École d'été. Auteur : 2024 © L'École d'été.

 

Pratiquer les seuils et les interstices ; l’art de faire exister des lieux

 

 

Conférence à destination des artistes et étudiant·es équilibristes,  installant leurs pratiques sur les crètes des montagnes (et toustes les autres).

 

Une conférence de Sasha Jouot.

 

L’art au juste, à quoi ça sert ?

Servir

Desservir

Asservir 

Peut-on encore penser le champ artistique comme une sphère autonome, déconnecté du politique et du social ?

Si nos pratiques ne peuvent être dénuées d’intentions et d’usages, comment en faire des outils sensibles et concrets pour œuvrer à la mutation des mondes en cours ?

Faire advenir des lieux est une réponse possible.

Faire advenir des lieux une pratique artistique en soi.

Souvent, ces lieux s’ouvrent dans les marges, les interstices, les angles morts des systèmes oppressifs ; sur les crètes de montagnes.

L’utopie est elle-même une crète, jonction de deux versants ; l’insatisfaction du monde éprouvé, l’élan de créer autre chose. Quand l’art côtoie l’utopie concrète (Bloch, 1954-1959), des foyers s’enflamment dans les interstices, des immensités s’ouvrent aux sommets des montagnes.

 Il s’agira alors de souffler sur les braises, et de décider collectivement ce que nos pratiques soutiennent comme systèmes de valeurs, imaginaires, rôles pour l’artiste, économie, comme futur(s) désirable(s).

Loin de se vouloir exhaustive, cette conférence se déploie depuis mon parcours singulier, de l’école d’art où j’ai étudié jusqu’à la recherche-création que je mène depuis 3 ans, en passant par les expériences de terrains qui m’ont amené à vivre sur les crètes.


Sasha Jouot

 

Diplomé·e de l’école supérieure d’art d’Aix-en-Provence en 2017, désormais artiste doctorant·e en recherche-création au laboratoire Babel (Université de Toulon), je mène une thèse depuis 2022 sous la direction de Valérie Michel Fauré et Laure Lévêque.

Avant d’arriver  jusqu’au laboratoire de recherche, il y a eu des performances en espace publique, des questionnements sur la manière dont le white cube conditionne notre façon de percevoir, l’envie de créer des situations et de dénigrer la trace, l’objet, l’exposition. Il y a eu aussi le besoin de faire des actions en pensant leur impact sur le territoire, de nourrir une écriture poétique, rencontrer des personnes qui ne se disent pas artiste mais qui créent quand même, co-monter un projet avec des habitant·es en ruralité. Ce que j’ai vécu dans ces pratiques est le terreau de ma recherche qui se nomme : l’art de faire exister des lieux. Des lieux d’expérimentations artistiques, de la notion d’utopie au 19ieme siècle à l’action transfomatrice contemporaine. 

Informations complémentaires

Mardi 21 octobre de 18h à 20h

Grand Hall

Conférence ouverte au public

 

 

 

Auteur : Touam Bona 2022
Copyright : Touam Bona 2022

Existences et territoires chimériques

 

Une conférence de Dénètem Touam Bona .

 

« La frontière entre le Mexique et les Etats-Unis es una herrida abierta (une blessure ouverte) où le Tiers-Monde s’écorche et saigne au contact du premier. (…) Une terre frontalière est un lieu vague et indéterminé formé à partir du résidu sensible que laisse une limite contre-nature. (…) Ici vivent los atravesados : les gens louches, les pervers, les queers, les pénibles, les métis, les mulâtres, les sang-mêlé, les demi-morts ; bref, ceux qui traversent, qui outrepassent, qui franchissent les confins du « normal » ».

 

Gloria Anzaldúa fait de la frontière entre le Mexique et les États-Unis la métaphore de tous les fils de fer barbelé qui hachurent nos existences.

Mais d’une « blessure ouverte » peut naître une « terre frontalière », un monde chimérique peuplés de créatures « contre-nature » défiant les normes mortifères et la quête de pureté (lourde de violence purificatrice) de formes de fascisme qui, aujourd’hui, se font de plus en plus menaçantes. Reprenant l’impératif poétique de Sony Labou Tansi, Dénètem appelle à « tirer l’existence par les cheveux » afin de conjurer le souffle nauséabond de la bête immonde.


Dénètem Touam Bona

Philosophe et artiste, Dénètem Touam Bona a choisi la liane comme plante-totem d'un livre et d'une exposition afrodiasporique (Centre d'art et du paysage de Vassivière, 2021–22) afin de conjurer un imaginaire toxique à la fois colonial et patriarcal (Tarzan, "forêt vierge", etc.) tout en rendant hommage au "lyannaj" (de "liane" en créole) des archipels de Martinique et de Guadeloupe : des pratiques d'alliance et d'improvisation créatrice héritées des résistances à l'esclavage. Face à l'abolition en cours du droit d'asile, à l'extinction des espèces vivantes, à l'empire croissant des algorithmes sur nos existences, il appelle à la réactivation des arts marrons de la "disparition". Portée par la Compagnie (Marseille), « Eloge de la submersion », sa dernière expérimentation collective (2024-25), a une dimension transe-océanique. Derniers livres parus : Sagesse des lianes (Post Editions, 2021), Fugitive, where are you running? (Polity, UK/USA, 2023).

 

Informations complémentaires

Mardi 28 octobre de 18h à 20h

Salle de conférence

Conférence ouverte au public  

Enseignant référent : Serge Le Squer